mercredi 15 juillet 2009

Le billet de soutien du Club de la Presse à LCM

Il faut sauver LCM

Dieux du ciel ! En quarante ans de vie professionnelle combien de fois ai-je entendu des journalistes rêver de faire leur propre journal, insatisfaits que nous étions du titre qui nous employait. On écartait les verres, quelqu'un sortait une feuille de papier et on commençait à aligner des chiffres. La réalité s'imposait vite…

© Didier Zuili

Trop d'argent était nécessaire pour le commencement du début de constitution d'une équipe. De temps en temps, on voyait des confrères plus courageux se lancer dans la création d'un hebdo. Et qui ramaient, et qui ramaient avant de jeter l'éponge.

Forts de ces expériences nous vîmes, un beau matin de mai, fleurir dans les kiosques un nouveau quotidien portant le beau titre de Tribune du Sud. Bigre, un quotidien lancé juste avant l’été, sans tambour ni trompette et encore moins de pub. Il y avait au moins un milliardaire derrière. Et, à lire les premiers numéros et l'absence de ligne éditoriale, un milliardaire prêt à jeter de l'argent par les fenêtres. Néanmoins, en bon camarade attaché au pluralisme, je souhaitai longue vie au nouveau né, au foyer de Trottinette et de l'Encorné, sur ce même site. Mais sans me faire d'illusion, au fil des numéros qui ne révélaient aucun bout de nez de cohésion éditoriale. Jusqu'au fatidique « AU REVOIR » du numéro 47 et de son pathétique billet disant, en substance, que la vérité est impossible à dire. Un peu court comme explication quand on sait qu'aucun journal (hormis le Canard et Charlie hebdo ) ne peut vivre sans publicité. Et par les temps qui courent, la pub se contente d'une veste en peau de chagrin, à tel point que les journaux font leur chiffre d'affaires avec les annonces institutionnelles et les annonces légales qui n'intéressent pas grand lecteur de presse généraliste.

Ils ont fait joujou pendant 47 jours et on espère pour eux qu'ils n'ont pas claqué les sous du départ de Sébastien Laporte. Moralité de la triste histoire : l'expérience des aînés ne sert pas aux jeunôts et la chanson de Brassens reste d'une brûlante actualité.

Bien plus préoccupant est le sort réservé à La Chaîne Marseille. Comme elle ne peut pas publier les annonces légales, elle pâtit de la pauvreté publicitaire endémique. Pourtant, les jeunôts concernés n'ont pas failli à leur mission. Scooter, caméra et les voilà partis chercher l'information et traiter leur sujet. On ne dira pas que c'est le prix de la rédaction qui a mis l'opération en péril.

Le parrain, Jean-Pierre Foucault, a quitté le navire au plus mauvais moment et avec les plus mauvaises raisons. La Caisse d'épargne, pourtant prolixe pour renflouer ses enfants malades, a retiré ses billes. Tous ces jeunes gens et jeunes filles bourrés de talent, mais les poches vides, ont le droit d'avoir de la rancoeur pour leurs patrons, car eux n'ont pas démérité. Il reste à espérer que l'Ecureuil ou une autre banque se lancent dans une aventure pleine de promesses au moment où tout le monde ne jure que par la proximité.

A l'heure de 2013, LCM avait gagné sa place dans le paysage de l'information et de la culture de Marseille. Sa disparition serait une vraie perte pour le pluralisme.

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